vendredi 9 novembre 2018

Paul Tuffrau, historien

Paul Tuffrau rédigea dans les années 1910 des articles sur des sujets historiques variés pour le quotidien Le Journal (sous le pseudonyme E. Robertot) :
  • Le sabotage sous l'ancien Régime (article co-écrit avec P. Marty) (18 juillet 1911)
  • Comment naquit l'obstruction parlementaire (29 décembre 1911)
  • Des flammes de Moscou à la neige des steppes… (29 octobre 1912)
Une conférence que Paul Tuffrau fit à Chartres (où alors il enseignait), à l'occasion de l'anniversaire du général Marceau, né à Chartres le 1ermars 1769,  « Marceau et l’âme d’un chef au combat », fut publiée dans le numéro du 9 mars 1923 de  La dépêche d’Eure-et-Loir (p. 3-4 ).



En fait, ses écrits historiques concerneront essentiellement trois domaines :
  1. la Première Guerre mondiale
  2. la Seconde Guerre mondiale
  3. l'École Polytechnique
1) La Première Guerre mondiale :
Mobilisé dès le début du conflit, Paul Tuffrau restera sur le front durant ses plus de quatre années, et il sera démobilisé fin mars 1919.
Sous-lieutenant au début du conflit, il le terminera comme chef de bataillon.
Il se retrouvera sur différents théâtres d'opération : 1ère bataille de la Marne (septembre 1914), Soissonnais (fin 1914-début 1915), Artois (1915), Chemin des Dames (1915-1916 et 1917), Argonne et Verdun (1916-1917), le Noyonnais (1918), les Vosges (1918)…

Ses écrits sur la guerre sont de trois ordres :


a) Des récits qu'il a écrits durant la guerre pour le quotidien le Journal : ils seront réunis en deux livres :           
     1. le premier, paru en 1917 chez Payot, Carnet d'un combattant : cet ouvrage réunissait les articles parus de janvier à septembre 1916 ; sa valeur en sera reconnue par Norton Cru dans son ouvrage Témoins (1929) : « Au point de vue purement littéraire, le livre de Paul Tuffrau serait le meilleur modèle du recueil de contes et récits de guerre. »

      2. le second, paru en 2014 chez Publibook, Autres récits de la Grande Guerre : cet ouvrage a réuni les articles parus d'octobre 1916 à décembre 1917 (certains d'entre eux ont été de nouveau publiés, dans la Revue d'infanterie, de 1933 à 1935), et aussi des textes beaucoup plus courts, parus dans Le Journal de juillet 1917 à janvier 1918 sous l'appellation « Le Billet du poilu » : textes assez incisifs sur les dysfonctionnements observés par les hommes du Front.

b) Un journal personnel, que Paul Tuffrau tenait depuis déjà 1910, et qu'il a poursuivi durant toute la guerre : 
Paul Tuffrau en publiera des passages concernant la fin de la guerre et le début de l'occupation de la Sarre par les troupes françaises, sous le titre : Nos Jours de Gloire. De la Moselle à la Sarre en novembre 1918 (Paris, Cahiers de la Quinzaine - l'Artisan du Livre,1928).

Cet ouvrage a une valeur historique indéniable. Mais on sent aussi pour le combattant qu'a été Paul Tuffrau, une certaine désillusion à voir comment la situation a évolué depuis la fin de la guerre :

« Nos jours de gloire ! – Les avons-nous vraiment vécus ? Ils nous apparaissent sur le plan du rêve, tant la vie depuis s’est faite unie et grise, sans enthousiasme et sans grandeur. Pourtant nulle réalité n’a de poids au prix de ces jours rapides qui ont renversé le cours de l’histoire. C’est alors que nous vivions. Aujourd’hui nous continuons, par habitude. »
La plus grande partie du journal de guerre de Paul Tuffrau sera publiée par sa fille, Françoise Cambon, en un livre paru en 1998 (Paris, Imago) : 1914-1918. Quatre années sur le front. Carnets d'un combattant (avec une préface de Stéphane Audoin-Rouzeau).
Françoise Cambon, dans son avant-propos, a bien souligné « ce qui fait le côté très particulier de ces notes, c'est non seulement qu'elles ont été écrites par un homme qui a participé pleinement au combat, pendant toute la guerre, qui en a vécu toutes les difficultés et toutes les horreurs, mais aussi qu'elles sont le fait d'un écrivain et d'un véritable humaniste ». 

c) Un ouvrage didactique sur la guerre, réunissant des cours faits à l'École Polytechnique, co-écrit avec le général Alvin : La Grande Guerre. Ses origines, ses développements, ses conséquences (Paris, Gauthier-Villars et Cie, 1930).
Un compte-rendu en sera fait dans la Revue militaire française, n° 107, 1er mai 1930, p. 254 : 
« Ce volume constitue l’enseignement donné à l’École Polytechnique, par le Général Alvin, commandant l’École, dans ses conférences militaires, et par M. Tuffrau dans son cours d’histoire.
 « Il montre la constitution par l’Allemagne, après la guerre de 1870-1871, au milieu de l’Europe, de la triple alliance, puis en face d’elle l’établissement de l’alliance franco-russe et de l’entente franco-anglaise ; le déclenchement de la guerre par l’Allemagne, à l’heure choisie par elle. Il étudie les événements militaires de la guerre, les interventions diplomatiques, les facteurs déterminant de la victoire. Il cherche enfin, par l’exposé de la conférence de la paix, du traité de Versailles et de son application, à définir les principaux problèmes d’après-guerre, qui ne sont pas tous résolus.
« Sous une forme précise, qui sait en même temps rester littéraire, ce volume fournit un excellent exposé d’ensemble de la Grande Guerre, sans le borner à des faits purement militaires. »
2) La Seconde Guerre mondiale :
S'étant réengagé, Paul Tuffrau sera de nouveau mobilisé dès le début de cette guerre, et il partira pour le nord de la France. Il vivra la débâcle en mai-juin 1940, puis, 4 années plus tard, en spectateur, la Libération de Paris.
Sa fille, Françoise Cambon, a réuni en un ouvrage des extraits de lettres à sa femme et à ses enfants, et des notes, qui couvrent ces différents périodes de la guerre : De la « drôle de guerre » à la Libération de Paris (1939-1940) (Paris, Imago, 2002).


3) L'École Polytechnique :

Normalien (1907), et agrégé de lettres (1911), Paul Tuffrau sera nommé en 1919 répétiteur puis en 1928 professeur d'histoire et de littérature à l'École Polytechnique.

Il sera l'auteur de différents écrits sur l'histoire de l'école :
« L’École Polytechnique à travers l’histoire », Mercure de France, 1er décembre 1928, tome CCVIII, n°731, p. 308-338 (article publié aussi dans : Bulletin de la Société des amis de l’École Polytechnique, n° 54, avril 1929, p. 36-58).
Cent cinquante ans de gloire (brochure de 24 pages), in Le sesquicentenaire de l’École Polytechnique. 57ème bal de l’X, 1946.

- « L’École Polytechnique de Paris », L’Armée – La Nation[1], décembre 1947, n° 12, p. 7-9.
« L’École Polytechnique et la Révolution de 1848 », Bulletin de l’Association des anciens élèves de l’École Polytechnique, mars 1948, n° 12, p. 7-11.

« Les polytechniciens tombés au combat », Revue Historique de l’Armée, 1954, n°1, p. 125-134 et

n°2, p. 113-129.
- Livre d’Or de l’École Polytechnique, 1 vol (188 pages), Casablanca, Raymond Lacour éditeur, 1962. 
« La "Préhistoire" », (texte consacré à l’histoire de la Société Amicale de Secours des Anciens Élèves de l’École Polytechnique), in Centenaire de l’Association Amicale des Anciens Élèves de l’École Polytechnique, 1865-1965, 1 vol (100 pages), p. 25-30.

Après la Seconde Guerre mondiale, Paul Tuffrau fut chargé à l’École Polytechnique d’une enquête sur le rôle des polytechniciens dans la Résistance et la Libération, en vue de réaliser un « Livre d’or » à paraitre dans le Bulletin de l’AX (cf. Bulletin de l’AX de janvier 1946, p. 34-35, publiant une lettre écrite par Paul Tuffrau, sollicitant des renseignements à ce sujet).
Il rédigera ainsi un article sur « André Rondenay (1933) » (Le livre d’Or de l’École Polytechnique, Notices sur nos morts), Bulletin de l’A. X., n° 2, mars 1946.







[1] Revue militaire belge.






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